Belle Epoque by Elizabeth Ross

Belle Epoque by Elizabeth Ross

Auteur:Elizabeth Ross [Ross, Elizabeth]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman historique
ISBN: 9782221139158
Éditeur: R. Laffont
Publié: 2013-11-13T23:00:00+00:00


19.

− Madame Leroux !

Je frappe à la porte de l’atelier. Aucune réponse. Du regard, je cherche conseil auprès de Marie-Josée.

— Entre sans faire de chichis. Vas-y. Je sais qu’elle est là.

Je tourne prudemment la poignée mais Marie-Josée préfère pousser la porte sans aucune précaution. Nous trouvons Mme Leroux en train de dévider un rouleau d’étoffe. On dirait qu’une déferlante de tissus va l’engloutir.

Je m’approche d’elle, un sourire mielleux sur le visage.

— Pardonnez-moi, Madame Leroux, auriez-vous la clef du cagibi ? M. Durandeau m’a dit que j’y trouverai les toilettes envoyées par la comtesse.

— Oui, je suis au courant, merci. Une petite seconde, grommelle Leroux, exaspérée.

Marie-Josée m’a accompagnée à l’atelier pour me soutenir, mais aussi pour satisfaire sa curiosité. Seule Mme Leroux a eu le privilège de poser les yeux sur ma garde-robe.

Leroux laisse tomber le rouleau sur sa table et va explorer un tiroir rempli de bobines. Elle en sort un trousseau qu’elle déploie à la façon d’un éventail.

— C’est soit celle-là, soit la petite.

— Merci, madame.

— Je suis débordée. Ne venez plus m’embêter.

Marie-Josée adresse un sourire à la couturière, qui nous tourne le dos et reprend sa besogne. Cela ne lui ressemble pas, d’ignorer Marie-Josée.

Après avoir refermé la porte derrière nous, nous échangeons un regard.

— La pauvre, chuchote mon amie. Ça doit être dur à digérer, d’être mise au chômage par la cliente que chouchoute Durandeau.

Les états d’âme de Leroux ne m’intéressent pas. Ce qui m’intéresse, c’est le contenu du cagibi qui se situe juste à côté de l’atelier. Je trouve la bonne clef et nous pénétrons à l’intérieur. Dans la pénombre, je devine un empilement de chaises cassées, un abat-jour et quelques vieux bougeoirs. Derrière ce bric-à-brac, jurant avec le reste, un portant ployant sous les vêtements aux étoffes somptueuses.

— Ouh ! Que c’est beau ! s’exclame Marie-Josée.

— Tout ça ? Ça fait beaucoup, non ?

Marie-Josée repousse les chaises, écarte l’abat-jour puis examine les différentes tenues.

— Regarde, il y a une liste.

Une feuille de papier est punaisée au mur ; je lis à voix haute ce qui y est écrit :

Veste et jupe d’équitation en tweed brun pour la campagne.

Taffetas de soie lilas pour l’Opéra.

Velours bleu pour le bois de Boulogne.

C’est alors que j’avise une montagne de cartons.

— Regarde ! Il y a aussi des souliers et des chapeaux assortis.

Marie-Josée se rue sur ce trésor, ouvre les boîtes les unes après les autres.

— Tu as gagné le gros lot, toi. Dommage que la fille soit une teigne.

— Isabelle n’est pas si teigne que ça.

— À d’autres, me lance Marie-Josée, noyée dans un océan de papier de soie.

Je palpe plusieurs habits dont le tissu m’enchante.

— Je n’en crois mes yeux.

— Ne t’attache pas trop à ces frusques. Elles sont à toi tant que la comtesse sera contente de ton travail. Et n’abaisse pas ta garde une seule seconde ; souviens-toi, tu es là pour rendre service à la mère.

— La mère et la fille s’entendent comme chien et chat. Il n’y a pas plus opposées qu’elles.

— Ne te mets pas entre elles si le torchon brûle.



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